Un doux matin hivernal Sans bad trip, sans mal Se lancer du haut de la côte En riant avec les autres Un moment rempli de joie Même si je frissonne au froid Sonne comme de la musique à mes oreilles Même sans argent, sans paye Enfin faire partie De la bonne compagnie Avec nos pensées de folie Redonner de la couleur à mon gris Un moment qui ne tombe pas dans l’oubli Le seul souci D’avoir rencontré le mur L’impact a frappé dur Mes amis en tas Partout autour de moi J’ai pris le temps, je vous assure De vérifier si tout le monde s’endure Pas de sang, toutes nos dents Mais quand même des blessures Ce qui est brisé, c’est en dedans On compare nos enflures Le temps de reprendre mes idées En comptant, j’ai remarqué Au total quatre blessés Pis personne qui peut crier L’urgence, la douleur L’ambulance et la peur Des scénarios dark, de la sueur En espérant que personne ne meurt L’adrénaline gèle le mal À la course, sous les flashs, vers l’hôpital Rester patient, serrer les dents En entendant des gémissements Le manque d’information me met de la pression La salle d’espérance, la télé qui gueule à travers les néons La soirée va se trainer les pieds Ça laisse le temps de penser S’ils m’appellent, ils me chercheront Je sors fumer pour me dérager L’attente du système de la santé Je connais, j’ai déjà donné Pour un bras cassé combien d’heures Combien pour la tête, combien pour le coeur Des années sûrement Pour les cas les plus pressants Une dizaine pour un plâtre au poignet Un an pour un psy Ou peut-être jamais Et je combattrai à l’infini Maudit établissement sans amour Sans sentiments, sans bon sens Débordant d’indifférence Sans présence Je dresse mon poing cassé Que mon corps va réparer Ça me sortira pas de l’idée D’être prudent pour pas y retourner Je vais soigner tout le reste autrement Les mots seront mon traitement Je suis là pour guérir en dedans Ici, maintenant - Kevin Arsenault Poliquin
Extrait du livre L’art des fous
Ceci est de la littérature brute, non filtrée, extraite le plus souvent en première pression, à chaud. Pas toujours loin de la crise. Les textes sont authentiques, originaux et servis tels que reçus. Ils témoignent de la réalité intime des auteurs, qui ont entre 9 et 35 ans. Pour plusieurs, c’est une première expérience d’écriture qu’ils ont choisi de faire partager. Pour d’autres, c’est leurs failles intérieures et leurs doutes qu’ils exposent, alors même qu’ils les découvrent.
Le Carrefour Jeunesse Emploi Avignon Bonaventure a choisi de donner pleine liberté de parole aux jeunes, afin de leur permettre d’exprimer, dans leurs mots, ce qu’ils vivent, et comment ils vont. Ceci suppose quelques entorses aux convenances et à la linguistique. C’est un choix conscient.
Le résultat a le mérite d’être vrai. La santé mentale est un tabou social. Pourtant, tout le monde en a une. Chacun a droit à sa manière d’en parler. Prenez soin de la vôtre et de celle de vos proches.