Parfois quelqu’un te blesse tellement
Que ça cesse de faire mal
Jusqu’à ce que quelque chose te fasse ressentir de nouveau
Et que cette blessure se rouvre
Tous les mots, les moments
Tout le mal
On ne l’oublie jamais
Comment pourrais-tu comprendre
D’où je viens
Car même si tu demandes
Même si tu écoutes
Tu n’étais pas là
Pour le voir, le sentir
Le ressentir
Tu n’as pas marché sur mon chemin
Tu n’as pas vu ce que j’ai vu
Tu n’as pas entendu ce que j’ai entendu
Ou ressenti
Ce mal, cette douleur
La misère intérieure et extérieure
Dont je suis témoin
Et victime
Tu ne l’as pas
Mon passé me définit
C’est ce qui fait de moi
Ce que je suis
La même qui m’a aidée à me relever
Me pousse au plus bas
Dans un monde chamboulé
Où l’ordre a disparu
Rien n’était comme c’était censé être
Et ça avait rempli mon être d’une profonde tristesse
Qui parfois m’emmène encore avec elle
Je suis tombée en moi-même
Et rien ne pouvait me sortir de là
Piégée dans la misère que ma vie était
Noyée dans ma détresse
Incapable de voir la lumière
De voir la fin de tout ça
D’espérer, de sentir, de rêver
J’ai compris que les jours les plus sombres de ma vie
Reviendraient sans cesse
Si je ne faisais rien
Les nuits les plus sombres de mon âme
Ne s’arrêteraient pas
Et peut-être tu te demandes pourquoi
Mais surtout
Tu essaies de ne pas y penser
De passer outre
De survivre
Toutes les autres choses n’étaient rien
Parce que ce n’est pas ce que tu désirais
Je sais que j’étais sans espoir
Dépendante désespérée
C’est ce qui arrive lorsque ceux dont tu as besoin
Menacent ton existence
J’ai entendu des tonnes de promesses
Et elles se ressemblent toutes
Mais continue, et un jour ou l’autre
Tu découvriras que la moitié sont vides
Le soleil se lève tous les matins
Mais sais-tu où
Chaque endroit est différent?
C’est difficile de trouver le nord
Quand tu bouges sans cesse
Au final, on le trouve toujours
Petit à petit, les saisons
Changent autour de moi
De ma fenêtre, je les regarde
Les jeunes aussi changent
Et il me semble que peut-être cette fois
Le monde ne sera pas détruit sous mes pieds
Avec mes pieds solides,
Mes racines se sont remises à grandir
Un peu d’espoir en essayant de croire
À ce nouveau départ
J’avais juste besoin que quelqu’un me dise
Que tout ira bien
Qu’un jour, peut-être
Je pourrai me sentir normale
Que je ne serai pas toujours comme ça
Que j’aurai quelqu’un sur qui compter
Qui sera forte pour moi
C’est mon passé
C’est mon histoire
Ce n’est pas ma faute
Ce n’est pas à cause de moi
Et ça ne sera pas
Ce qui définira mon futur
Vous ne pouvez pas m’en guérir
Vous n’êtes pas des guérisseurs
Tu ne peux ni m’en sauver
Ni m’en cacher
C’est mon histoire
Je dois faire la paix avec celle-ci
De lieu en lieu
J’avais appris
À ne pas faire confiance
À toujours être sur mes gardes
C’est comment on a agi avec moi
Dans le passé
Qui me pousse à être comme ça
Parfois, ma vie ressemble à un cercle
Un cercle sans fin qui n’arrête pas de tourner
Je ne sais pas comment l’arrêter
Ni même le changer
Ou le briser
Et quand je crois y arriver
Tout recommence
Une tempête, une tornade
Prêtes à me détruire
Puis la vie reprend un rythme
Une nouvelle normalité
Ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux
Mais je choisis la paix
Je ressens presque
Que je suis heureuse
Peut-être que je pourrais
Écrire mon histoire
Et oublier le passé
- Kelly-Anne Dumoulin
Extrait du livre L’art des fous
Ceci est de la littérature brute, non filtrée, extraite le plus souvent en première pression, à chaud. Pas toujours loin de la crise. Les textes sont authentiques, originaux et servis tels que reçus. Ils témoignent de la réalité intime des auteurs, qui ont entre 9 et 35 ans. Pour plusieurs, c’est une première expérience d’écriture qu’ils ont choisi de faire partager. Pour d’autres, c’est leurs failles intérieures et leurs doutes qu’ils exposent, alors même qu’ils les découvrent.
Le Carrefour Jeunesse Emploi Avignon Bonaventure a choisi de donner pleine liberté de parole aux jeunes, afin de leur permettre d’exprimer, dans leurs mots, ce qu’ils vivent, et comment ils vont. Ceci suppose quelques entorses aux convenances et à la linguistique. C’est un choix conscient.
Le résultat a le mérite d’être vrai. La santé mentale est un tabou social. Pourtant, tout le monde en a une. Chacun a droit à sa manière d’en parler. Prenez soin de la vôtre et de celle de vos proches.