Entre les idées noires et l’anxiété
Ces eaux troubles connues
Je me sens maintenant assez forgée
Pour réciter mon vécu

Dans les secousses les plus significatives de sa vie, marquées de rejets et de déceptions
Procrastinées par l’esprit rêveur et ses illusions
Une partie de nous-mêmes semble s’être noyée durant l’excursion.
C’est souvent la partie de nous qui nous ramène à l’enfance, à l’insouciance. 
Celle de la joie.
Et soudain, elle semble ne plus exister.
Ou du moins s’être perdue à l’intérieur du labyrinthe de notre cœur noué.

Dans le labyrinthe épineux du rosier
J’ai pu toucher à l’onctuosité des nuages
Des cieux qui m’enivraient dans leur nuit
Lorsque j’ouvrais les yeux
Au moment de les fermer j’ai vu le paysage ombrageux
Qui me recouvrait la vue
À ce moment j’ai su que tout ce temps je rêvais
Regard éperdu dans mes propres cavités
Oeil vitreux

Jonchant ces trottoirs cahoteux, les idées qui me traversent l’esprit sont tout autant chaotiques. 
Les repères semblent lointains, alors les béquilles immédiates remédient aux maux qui me gravitent l’esprit.  
Ces hivers intérieurs lorsqu’ils arrivent semblent vouloir me garder avec eux toute une vie durant. 
Sans que j’arrive à voir une infime parcelle de jour au bout de ces nuits.

L’hiver s’en vient. Se plante en moi à coups de griffes acérées
La lucidité s’effrite entre le délire et l’angoisse
Le venin dans mes veines engourdit le froid
Rituel qui me permet de m’endormir le soir
Avant que le gel

Ne me paralyse
Dans l’effroi
En ces paroxysmes de tourments, me voilà au sommet de ma vulnérabilité. 
Je me vois comme un papillon aux ailes trouées. 
Souhaitant faire marche arrière pour éviter la souffrance. 
De retour dans sa chrysalide, là ou rien ne pouvait l’atteindre. 
En sécurité envers le reste du monde, inconscient du monde qui l’entoure. 
Car cette conscience sensible envers ses pareils le vire à l’envers, jusqu’à le faire transparent.

L’hypersensibilité
Joue à cache-cache avec mon ombre
Me rend fragile à quiconque
Qui me fait abstraction

Me rend translucide
Par chacune de mes émotions subies
Dans un miroir de dévotion

Le temps a fait son œuvre, m’a fait accepter le noir qui m’habite.
J’apprends à connaître mes propres limites.
Celles des autres aussi.
À ne plus me mentir. À être authentique.
Renoncer. Détourner. Pardonner. Respecter. Avancer.
Me recentrer.
Appliquer mes propres règles de vie.
Pas celles que je subis par obligation, plutôt celles que je choisis.
Me prioriser.
Contourner la vie qui m’est imposée. Vivre selon mes envies.
Composer avec mes défauts et mes qualités.
J’apprivoise, au complet, qui je suis.

C’est durant le soir
Que la lune nous chuchote son purgatoire
Elle rayonne dans un ciel éclairci
Calibré par le noir
Elle fait écho de son ombre qu’est la nuit
Où elle nous dévoile un miroir
Dans le jour que l’on fuit
Qui nous permet de voir
La lueur sombre de l’acouphène
Illusoire

- Martine Savoie

Extrait du livre L’art des fous

Ceci est de la littérature brute, non filtrée, extraite le plus souvent en première pression, à chaud. Pas toujours loin de la crise. Les textes sont authentiques, originaux et servis tels que reçus. Ils témoignent de la réalité intime des auteurs, qui ont entre 9 et 35 ans. Pour plusieurs, c’est une première expérience d’écriture qu’ils ont choisi de faire partager. Pour d’autres, c’est leurs failles intérieures et leurs doutes qu’ils exposent, alors même qu’ils les découvrent.

Le Carrefour Jeunesse Emploi Avignon Bonaventure a choisi de donner pleine liberté de parole aux jeunes, afin de leur permettre d’exprimer, dans leurs mots, ce qu’ils vivent, et comment ils vont. Ceci suppose quelques entorses aux convenances et à la linguistique. C’est un choix conscient.

Le résultat a le mérite d’être vrai. La santé mentale est un tabou social. Pourtant, tout le monde en a une. Chacun a droit à sa manière d’en parler. Prenez soin de la vôtre et de celle de vos proches.

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