En septembre dernier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a affirmé que « le nombre d’itinérants aurait doublé » dans la ville depuis le début de la pandémie. Les personnes sans-abris seraient près de 6000 dans les rues montréalaises. Avec l’apparition de la COVID-19 et des mesures sanitaires mises en place pour la contrer, les refuges traditionnels ont dû réduire leurs capacités afin de respecter les règles de distanciation physique.
Dossier Santé mentale
Lors du premier confinement, 700 places ont pu être créées dans plusieurs lieux désertés, tels que des hôtels ou des centres sportifs. Ces refuges temporaires ont ensuite fermé leurs portes aux itinérants lors du déconfinement, en juin dernier. C’est dans ce contexte que le camping Notre-Dame a vu le jour, dans le quartier d’Hochelaga, où des dizaines de tentes se sont dressées durant l’été. À l’approche de l’hiver, c’étaient plus de 300 lits qui manquaient à l’appel jusqu’à ce que le gouvernement Legault et l’administration Plante décident de convertir l’Hôtel Place Dupuis en refuge pour personne en situation d’itinérance.
Facteurs aggravants
Une étude du ministère de la Santé et des Services sociaux, publiée en 2019, indiquait que 5789 personnes se retrouvaient en situation d’itinérance au Québec, au printemps 2018, au nombre desquels 3149 individus vivaient dans la métropole. Selon ce décompte, 72% des sans-abris étaient des hommes. Une précarité qui touche aussi les jeunes ; 6 % des itinérants étaient âgés de moins de 18 ans.
26,6% des individus dénombrés avaient perdu leur logement à cause de problèmes de dépendance ou de toxicomanie. 17,3% d’entre eux devaient cette perte à des ennuis financiers entraînant l’incapacité de payer leur loyer ou leur hypothèque ; pour 11,1% de la population itinérante, la situation trouvait son origine dans la perte d’un emploi.
D’autres événements de la vie conduisent aussi à l’itinérance : 13,5% des cas sont imputables aux conflits avec la famille ou les conjoints, 7,9% à l’incarcération, 6,9% à la maladie, et 3,6% à un accident ou un événement majeur. L’itinérance au Québec serait également liée à des problèmes de santé mentale chez 13,4% de ceux qui vivent dans ces conditions. Une corrélation qui s’observe dans les mêmes proportions au niveau fédéral.
Selon Statistique Canada, près d’un Canadien sur dix a connu un épisode d’itinérance demeuré caché. Cela prend en compte les personnes hébergées chez des proches, au sein de maisons de chambres, d’hôtels ou de motels et ne disposant pas de domicile fixe. L’analyse publiée en 2016 démontre que 21% des Canadiens souffrant d’une maladie mentale ou psychologique ou d’un trouble de l’apprentissage étaient susceptibles de connaître également une expérience d’itinérance cachée.
Dans le Cadre de référence de l’itinérance au Québec, publié en 2008, les études menées auprès de personnes en situation d’itinérance indiquaient que 30 à 50% d’entre elles présentaient ou avaient développé des problèmes de santé mentale.
Cercle vicieux
La Santé publique Ontario (SPO) a publié en 2019 un rapport sur les liens entre la santé et l’itinérance. La société d’État s’appuie notamment sur des données colligées dans plusieurs revues scientifiques et sur des méta-analyses concernant les problèmes de santé mentale chez les itinérants allemands. Les auteurs concluent « que le taux de maladie mentale [est] plus élevé chez les sans-abris que dans la population en général, en particulier en ce qui concerne les troubles liés à la toxicomanie, comme la dépendance à l’alcool. »
Chez ces sans-abris, 23% étaient atteints d’une maladie mentale, et 77% des sujets de ce groupe présentaient deux troubles mentaux ou plus. Les plus courants sont la dépendance à l’alcool, qui atteint 55,4 % des itinérants répertoriés, suivie des troubles de la personnalité, qui en affectent 29,1 %. Des troubles anxieux se manifestent aussi chez 17,6 % de la population itinérante, des troubles affectifs en touchent 15,2 %, la toxicomanie,13,9 %, la dépression, 11,6 % et les maladies psychotiques, 8,3%.
En comparaison, d’après l’enquête nationale allemande sur la santé réalisée de 2008 à 2011, les personnes ayant un domicile fixe sont moins susceptibles d’avoir des troubles mentaux : 19,8% d’entre elles connaîtront la maladie mentale dans sa plus large acception. 2,5% seront aux prises avec une dépendance à l’alcool, 9% auront des troubles anxieux, 6,3% des troubles affectifs, 5,6% affronteront la dépression et 1,5% seulement souffrira de maladie psychotique.
Une différence qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs, comme l’absence de domicile, la pauvreté, de nombreux problèmes de santé, la solitude et les préjugés dont les itinérants sont victimes au quotidien.
Survivre est soutenu par le Fonds d’urgence pour l’appui communautaire, du gouvernement du Canada et par la Fondation du Grand Montréal.
Ressources sur le suicide
- Québec: 1-866-APPELLE (277-3553). Les CLSC peuvent aussi vous aider.
- Canada: Service de prévention du suicide du Canada 833-456-4566
- France Infosuicide 01 45 39 40 00 SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056
- Belgique: Centre de prévention du suicide 0800 32 123.
- Suisse: Stop Suicide
- Portugal: (+351) 225 50 60 70
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Le guide d’intervention auprès de personnes suicidaires démystifie le suicide. Il permet d’aider les proches à reconnaître les signes avant-coureur du suicide et de déterminer qu’est-ce qui peut être fait pour soutenir la personne en crise.
Une section du guide est réservée aux endeuillés par suicide.
Le livre est disponible au coût de 9,95$. Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009. Par Internet.
Par la poste: Reflet de Société 4260 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X6.
Maintenant disponible en anglais: Quebec Suicide Prevention Handbook.
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