Par Raymond Viger

Je me contenterai de donner quelques exemples tirés de ma vie personnelle. Mon père a été un dépendant affectif. Après son divorce et la mort de ma mère, il a été incapable de refaire sa vie avec quelqu’un d’autre. Il a essayé, mais il ne cessait de dire que sa nouvelle amie n’était pas comme ma mère, etc., etc. Finalement, il s’est suicidé.

De mon côté, j’ai été un acheteur professionnel et un directeur des ventes  aguerri. À cause d’une de mes relations, qui travaillait dans mon commerce, mes capacités d’acheteur et de directeur ont chuté rapidement. Par peur de déplaire à cette femme, je n’arrivais plus à faire les choix adéquats pour mon entreprise.

Un fournisseur aurait mérité que je cesse de faire affaire avec lui? Si ma femme aimait son produit, je le gardais. J’ai engagé des membres de sa famille qui ne valaient pas cher la livre comme employés : incapable de les congédier pour ne pas déplaire à ma femme. J’en étais rendu à toujours devoir confirmer avec elle avant de procéder à une transaction ou de prendre une décision. Mon génie ne valait plus rien, je ne me faisais plus confiance et, indirectement, c’était ma femme qui menait mon entreprise.

Si ma femme voulait prendre des vacances, nous prenions des vacances. Je ne me demandais pas si j’avais le temps ou l’argent. Incapable de lui dire non, incapable de la contrarier, je préférais m’arranger et faire toutes sortes de courbettes pour compenser plutôt que de la contrarier ou de risquer de la perdre.

J’ai fait beaucoup d’argent, mais ma dépendance affective m’a tout fait perdre. La dépendance, que ce soit à la drogue, à l’alcool ou à une femme, même avec un million de dollars n’est pas suffisante pour acheter l’amour de l’autre. Quand elle m’a quitté, j’ai fait deux tentatives de suicide. La thérapie et l’écriture m’auront permis de m’en sortir.

Savoir aimer, c’est aimer l’autre, mais pas au point de se faire mal ou d’avoir à mentir. Savoir aimer, c’est rester naturel, garder ses valeurs et ses principes tout en étant avec l’autre. Rester soi-même, au risque de perdre l’autre. Je t’aime, mais pas au prix de me faire du mal. Je t’aime, mais pas au prix de me mentir ou de mentir aux autres. Je t’aime, mais pas au prix de devenir un voleur. Je veux pouvoir m’engager dans une relation amoureuse, tout en restant capable de m’engager face à moi-même et à mon entourage.

Pour reprendre une citation de Richard Bach, « L’amour c’est comme deux ballons qui s’aident à monter toujours plus haut. Lorsque l’un des ballons devient un boulet pour l’autre, il est temps de couper la corde ».

Sur cette citation, j’ajouterais que la dépendance affective est comme une bulle que l’on se crée. Une bulle que l’on fait monter artificiellement en se créant des problèmes, qui cause des emmerdes tout autour de soi, mais qu’on essaye de cacher à sa femme. Par peur qu’elle nous voie sous notre vrai jour, par peur qu’elle soit au courant de la vraie situation dans laquelle on patauge, par peur de lui déplaire, par peur qu’elle nous quitte…

Aujourd’hui, j’ai accompagné plusieurs femmes en thérapie qui ont eu à retrouver leur équilibre après une rupture douloureuse. Elles m’ont toutes dit la même chose. « S’il m’avait dit qu’il n’avait plus d’argent, je n’en aurais pas demandé tant. Si j’avais su que ça allait si mal, j’aurais pu l’aider »

Morale de cette histoire, à cacher la vérité à la personne qu’on aime, souvent on se prive du meilleur allié qu’on ait. La morale de cette morale : si, parce qu’on dit la vérité à notre tendre moitié, elle nous quitte, la bulle vient d’être crevée et il n’y a plus à se raconter de menteries ni à s’enliser encore plus. D’une façon comme de l’autre, on en  sort gagnant.

Autres textes sur le Suicide:

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