C’t’un esti de con lui! Un criss de malade mental!

Moi : J’comprends que tu l’aimes pas beaucoup, mais j’aimerais ça que tu arrêtes d’utiliser les mots «malade mental» comme insulte.

Lui : Ben là?!? Pourquoi?

Moi : Parce que ça me dérange. Je pense que les mots, c’est important et que ça a beaucoup d’impacts dans la société. T’sais, j’ai un problème de santé mentale, pis j’aime pas que ce soit utilisé comme insulte ou mots péjoratifs.

Lui : Ben là!! T’es donc ben susceptible! On peut pus rien dire!! C’est de la censure!

Moi : Non, c’est pas de la censure. Je suis pas le gouvernement. Je peux pas t’interdire de rien pis tu vas pas aller en prison. Mais je te le demande. Svp. Par respect. T’en fais ce que tu veux.... mais t’sais, ça se peut que j’aie pas envie d’être ton ami ou de discuter avec toi si tu fais pas attention. J’ai le droit.

Lui : Ça commence de même! Pis ça finit en dictature.

Moi : ... quoi?

Lui : Ils l’ont dit à la TV! Legault aussi!! Ils sont complètement fous, les jeunes à l’université qui veulent tout censurer!! Y’a même une prof qui a fait un burn-out à cause d’un gars qui la harcelait sur les mots «homme» et «femme».

Moi : Je m’en fous du spectacle médiatique et politique. Là, y’a juste moi. Je suis tout seul et je te demande simplement de faire attention à ton utilisation des mots «malade mental», par respect. Pis ton histoire de prof... de la manière que tu m’en parles... c’est pas de la censure, ça, c’est du harcèlement!

Lui : T’es un esti de malade mental.

Ça, c’est un exemple de conversation, inspiré de plusieurs conversations que j’ai eues dans les derniers temps. J’ai utilisé l’exemple «malade mental», parce que c’est le seul qui me concerne personnellement et donc le seul à propos duquel je considère que c’est ma place et mon rôle de me prononcer.

Je ne suis pas un étudiant. Je ne veux censurer aucune œuvre ou aucun ouvrage. Je ne veux pas empêcher les profs de travailler.

Je veux juste que quiconque s’adresse à moi, peu importe le contexte, fasse le minimum d’effort d’écouter ce que j’ai à dire sur ces mots et se pose des questions sur l’utilisation de ces mots. That’s it

Si ça te fâche, si tu refuses de faire attention ou de remettre ta vision des choses en question... si tu commences à me crier après et m’insulter... je trouve ça vraiment absurde et je commence à me demander qui est vraiment susceptible dans cette histoire.

PS/AJOUT : L’idée n’est pas de ramener ça à moi, ici. Je vais bien. Tout va bien. Je fais le choix de défendre ces principes et de me retrouver dans des situations désagréables. Je m’utilise en exemple pour mettre en perspective l’utilisation de bien d’autres mots, qui peuvent déranger des gens et des groupes de gens... et avoir des impacts importants dans la société. C’est pas de la censure, faire attention à notre utilisation du «N» word ou encore de ne pas traiter des gens de «fifs» (pour ne donner que ces exemples-là)... c’est du respect!

- Guillaume Vermette,

clown humanitaire sans frontières

Extrait du livre L’art des fous

Ceci est de la littérature brute, non filtrée, extraite le plus souvent en première pression, à chaud. Pas toujours loin de la crise. Les textes sont authentiques, originaux et servis tels que reçus. Ils témoignent de la réalité intime des auteurs, qui ont entre 9 et 35 ans. Pour plusieurs, c’est une première expérience d’écriture qu’ils ont choisi de faire partager. Pour d’autres, c’est leurs failles intérieures et leurs doutes qu’ils exposent, alors même qu’ils les découvrent.

Le Carrefour Jeunesse Emploi Avignon Bonaventure a choisi de donner pleine liberté de parole aux jeunes, afin de leur permettre d’exprimer, dans leurs mots, ce qu’ils vivent, et comment ils vont. Ceci suppose quelques entorses aux convenances et à la linguistique. C’est un choix conscient.

Le résultat a le mérite d’être vrai. La santé mentale est un tabou social. Pourtant, tout le monde en a une. Chacun a droit à sa manière d’en parler. Prenez soin de la vôtre et de celle de vos proches.

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