Une jeune fille à l’hôpital
Ça va mal, dans le
Département de santé mentale
Une gentille infirmière lui a dit
Que pour contempler un arc-en-ciel
Il faut d’abord endurer la pluie

Il mouille depuis longtemps
Tellement longtemps que c’est inquiétant
La mer en a assez de déborder
Pis le ciel est désespéré

La fille a de la brume dans la tête
Pis de l’eau salée dans les yeux
Bad trip d’abattoir de papillons
Et une mauvaise conscience de terre sale

J’ai longtemps voulu retourner chez nous
Sans savoir c’était où
J’ai décidé de m’installer dans l’espace vide à l’intérieur de moi
Je me suis groundée
Et maintenant j’ai un toit

J’ai fait le vide avant de faire le plein
Je me suis débarrassée de tout
De tout ce qui servait à rien
Un gros ménage de printemps
J’ai même frotté les traces de ressentiment
J’ai mis la colère pis la peur à la porte
La porte, je l’ai slamée forte

Je me suis vidé le coeur de poisons émotionnels passés date
Depuis deux mille neuf, yark
L’amour, j’étais pas certaine d’y croire
Dans mon ventre, j’ai digéré les papillons
Qui me chatouillaient le désespoir

J’ai changé mes perceptions
J’ai même acquis une nouvelle vision
Je me vois encore dans le noir
Trois mois de convalescence

À regarder mes cernes dans le miroir
Mon cerveau en pâte à modeler
Et mon égo qui veut me faire croire
Que je ne suis pas assez

Je me suis posé des questions
Et j’ai déposé des réflexions
La perfection, c’est une illusion
J’ai fini
Fini de chercher
Chercher l’approbation
J’ai confiance en mon intuition

Toi, en as-tu, un passé à accepter?
T’en as-tu, des patterns à briser?
Ou même des traumatismes à cicatriser?
As-tu un égo à délaisser, à mettre de côté?
As-tu des choses à te faire pardonner?
À te pardonner à toi-même?
Lève la main
Si t’es certain
Que t’as rien
À te reprocher

On se plaint de nos malheurs
Mais je te jure que le destin
Y fait pas d’erreurs
Si tu te sens pas bien
C’est que ta vraie place
Elle est ailleurs

La pluie est finie
L’orage est parti
Je suis sortie de mon cocon
En pleine transformation
Un papillon arc-en-ciel
Qui se rend compte de son potentiel

Je suis restée dans la brume trop longtemps
Maintenant, je vais de l’avant
Me laissant porter par le vent
Après la pluie vient le beau temps

- Kim D’Aigle

Extrait du livre L’art des fous

Ceci est de la littérature brute, non filtrée, extraite le plus souvent en première pression, à chaud. Pas toujours loin de la crise. Les textes sont authentiques, originaux et servis tels que reçus. Ils témoignent de la réalité intime des auteurs, qui ont entre 9 et 35 ans. Pour plusieurs, c’est une première expérience d’écriture qu’ils ont choisi de faire partager. Pour d’autres, c’est leurs failles intérieures et leurs doutes qu’ils exposent, alors même qu’ils les découvrent.

Le Carrefour Jeunesse Emploi Avignon Bonaventure a choisi de donner pleine liberté de parole aux jeunes, afin de leur permettre d’exprimer, dans leurs mots, ce qu’ils vivent, et comment ils vont. Ceci suppose quelques entorses aux convenances et à la linguistique. C’est un choix conscient.

Le résultat a le mérite d’être vrai. La santé mentale est un tabou social. Pourtant, tout le monde en a une. Chacun a droit à sa manière d’en parler. Prenez soin de la vôtre et de celle de vos proches.

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